Le Merapi : dynamique d’un volcan d’arc à dômes de lave

Le projet de recherche international DOMERAPI étudie la volcanologie à travers plusieurs champs disciplinaires. Ce programme, mené en Indonésie avec la coordination d’ISTerre, est soutenu par l’IRD. Durée : 2012-2017.

Satellites, radars et volcans tropicaux

Les géophysiciens de l’IRD participent au renforcement des capacités de leurs partenaires du Sud dans le nouveau domaine de la surveillance des risques volcaniques par données radar satellitaires. Après la navigation, les télécommunications, la météorologie ou l’espionnage, pour ne citer que ces domaines emblématiques, les satellites sont en passe de révolutionner la volcanologie ! Ils permettent en effet de surveiller depuis le ciel un grand nombre de volcans, et notamment ceux situés dans les zones difficiles d’accès. Autant de techniques pour lesquelles la communauté scientifique française est en pointe et où l’IRD joue un rôle moteur pour le renforcement des capacités de ses partenaires du Sud.

Coulée de boue d’origine volcanique sur l’île de Java
© IRD / J.C. Thouret

« La télédétection démultiplie nos moyens d’observation, jusqu’ici limités à quelques volcans bien instrumentés, au prix d’un travail de terrain coûteux en temps et en matériel, situés pour la plupart dans les pays développés [1]. Nous avons un rôle à jouer pour mettre ces techniques à portée de nos partenaires du Sud », estime la géophysicienne Virginie Pinel (ISTerre). Elle est la cotutrice du travail de thèse d’un doctorant indonésien [2], justement consacré à l’utilisation de données radar satellitaires pour la cartographie des dépôts éruptifs du Mérapi, sur l’île de Java. Ce volcan est particulièrement actif. Il a connu pas moins de 49 éruptions explosives au cours des cinq derniers siècles et produit très régulièrement des nuées ardentes et des projections de cendre très redoutées dans cette région densément peuplée. L’imagerie satellite a déjà permis d’obtenir une vision globale, à l’échelle des arcs volcaniques, complémentaire des mesures in situ quand elles existent et essentielle pour les volcans difficiles d’accès en raison des conditions naturelles ou politiques. Les données optiques sont aussi utilisées pour cartographier les dépôts volcaniques, mais elles ne sont disponibles qu’en l’absence de nuages, situation rare en zone tropicale.

« Nous sommes parvenus à obtenir une information similaire, sur les dépôts et leur extension géographique, en exploitant les données radar de différentes polarisations et donc sans être gênés par la couverture nuageuse », explique la spécialiste. Cette technique, expérimentée sur le Mérapi après l’éruption d’octobre-novembre 2010, s’avère précieuse pour délimiter rapidement les zones de dépôt et anticiper la formation de lahars dévastateurs. Car les matériaux expulsés par le volcan, remobilisés par les pluies, sont souvent à l’origine de coulées de boue destructrices et meurtrières. Cette approche opérationnelle de la télédétection est appelée à se développer grâce au lancement d’une constellation de satellites européens - Sentinel-1, le premier, tourne depuis avril 2014 -, destinés à fournir des données radar en libre accès. Dans le sillage du doctorant indonésien, d’autres scientifiques viennent se former auprès des spécialistes de l’IRD à l’utilisation des données radar et à leur intégration dans les systèmes de surveillance des risques naturels. Ils intègrent ce faisant une communauté de spécialistes dynamique, partageant avec ses partenaires toutes les avancées obtenues, à la faveur d’ateliers réguliers.

Source : IRD, Sciences au Sud

En savoir plus
 le site de l’IRD
 le site d’ISTerre
 le site du projet DOMERAPI.

[1Notamment en Sicile et à Hawaï.

[2Center of Volcanological and Geological Hazards Mit.

Mis à jour le 29 août 2017