Antarctique : un glacier côtier engagé dans un recul irréversible

communiqué publié le 13 janvier 2014

Le glacier de l’île du Pin est le glacier d’Antarctique qui contribue le plus à l’élévation du niveau des mers. Une équipe internationale de chercheurs conduite par le LGGE a démontré que cette contribution pourrait tripler voire quintupler dans les vingt prochaines années. Les scientifiques ont également mis en évidence que ce glacier était en train de reculer de manière irréversible et qu’il lui serait selon toute vraisemblance impossible de revenir à son état initial. Leurs travaux ont été publiés le 12 janvier 2014 sur le site de la revue Nature Climate Change.

Retrait du glacier de l’île du Pin tel que simulé par le modèle Elmer/Ice développé et utilisé au LGGE.
La ligne bleue indique la ligne d’échouage telle que simulée par le modèle et représentative de la fin des années 1990.
La ligne rouge correspond à la position modélisée en 2025.
La ligne d’échouage bleue marque la limite entre la partie du glacier reposant sur le continent et son extension avale qui flotte sur l’océan et contribue alors à l’élévation du niveau des mers.
Pour en savoir + sur le modèle Elmer/Ice : http://elmerice.elmerfem.org

Depuis maintenant une vingtaine d’années, l’Antarctique de l’Ouest contribue de manière significative à l’élévation du niveau des mers contrairement à la partie est de l’Antarctique qui reste à l’équilibre pour l’instant (c’est-à-dire que la quantité de glace perdue équivaut à celle de neige alimentant les glaciers).

Le glacier de l’île du Pin, situé dans la partie ouest de l’Antarctique, est le plus important contributeur à cette élévation : il représente à lui seul près de 25 % de la contribution de l’Antarctique de l’Ouest. Il a reculé d’une dizaine de kilomètres depuis les années 2000 et tend à s’amincir de plus en plus.

Ce glacier côtier fait donc l’objet d’une attention particulière. L’équipe internationale portée par le LGGE l’a étudié avec minutie afin de mieux cerner son évolution future : son retrait est-il ponctuel ? Régulier ? Pour répondre à ces questions, les scientifiques se sont appuyés sur trois modèles de dernière génération d’écoulement de la glace au sein des calottes polaires.

Résultat : l’ensemble des trois modèles montre que le glacier est vraisemblablement engagé dans une instabilité et va poursuivre son retrait sur au moins une quarantaine de kilomètres au cours des cinquante prochaines années. La perte de masse associée à ce recul irréversible devrait augmenter significativement, passant de la valeur moyenne de 20 gigatonnes par an observée pendant la période 1992-2011, jusqu’à 120 gigatonnes par an au cours des cinquante années modélisées. Ainsi, sa contribution annuelle à l’élévation du niveau des mers pourrait tripler voire quintupler dans un proche futur. Cette perte participerait à une augmentation du niveau des mers comprise entre 3,5 et 10 mm pour ce seul glacier dans les vingt prochaines années.

Carte de la vitesse d’écoulement de la glace du glacier de l’Ile du Pin en Antarctique (en m/an), indiquant la localisation de la zone d’étude en Antarctique.
Contact scientifique local Gael Durand, LGGE-OSUG : 04 76 82 42 84 / 06 31 15 50 61, gael.durand |at| lgge.obs.ujf-grenoble.fr

















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Référence
Retreat of Pine Island Glacier controlled by marine ice-sheet instability. L. Favier, G. Durand, S. L. Cornford, G. H. Gudmundsson, O. Gagliardini, F. Gillet-Chaulet, T. Zwinger, A. J. Payne and A. M. Le Brocq. Nature Climate change. 12 janvier 2014.

Mis à jour le 15 janvier 2014