Trois experts grenoblois au cœur de « SuperCam », instrument sélectionné par la NASA pour la mission Mars 2020

communiqué diffusé le 11 septembre 2014, par l’Université Joseph Fourier

Le 31 juillet 2014, la NASA, l’agence spatiale des États-Unis, a annoncé la sélection de l’instrument SuperCam parmi la dizaine d’instruments scientifiques qui équiperont le véhicule de la mission Mars 2020 ; la conception de ce dernier est semblable au rover Curiosity, doté de l’instrument ChemCam, actuellement en opération à la surface de Mars. Ce nouvel instrument SuperCam est le fruit d’une étroite collaboration entre scientifiques américains, français et espagnols. Sous la maîtrise d’ouvrage du CNES, la coordination française revient à l’Institut de recherche en planétologie et astrophysique de Toulouse (CNRS, Université Toulouse III Paul Sabatier), chargé de la conception et de la fabrication de SuperCam, auquel s’associent plusieurs autres laboratoires français [1], dont à l’Observatoire en Sciences de l’Univers de Grenoble (OSUG : Université Joseph Fourier / CNRS / IRD), les laboratoires Institut des sciences de la Terre (ISTerre) et Institut de Planétologie et Astrophysique de Grenoble (IPAG).

L’instrument sera livré en décembre 2018 au « Jet Propulsion Laboratory » (JPL) de Pasadena en Californie qui l’installera sur le véhicule d’une conception semblable au rover Curiosity. Il fait suite à la coopération entre le JPL et le CNES qui a conduit à la construction de l’instrument ChemCam en opération à la surface de Mars à bord de Curiosity depuis maintenant deux ans. La mission Mars 2020 sera lancée en juillet 2020 et se posera sur Mars en février 2021. Les opérations sont prévues pour durer jusqu’en août 2023.

SuperCam est un instrument de planétologie, placé sur le mât du rover afin d’analyser à distance la chimie des roches de Mars. Il combine plusieurs sous-ensembles complémentaires :

  • un analyseur de la composition élémentaire des cibles martiennes par ablation laser et spectroscopie optique (LIBS) ;
  • des spectromètres Raman et infrarouge pour identifier les phases minérales et la présence de matière organique s’il y a lieu ;
  • une caméra couleur pour recueillir des images à très haute définition afin de connaître la texture de la roche et le contexte dans lequel sont effectuées les analyses spectrométriques.

Les capacités de SuperCam en font un instrument essentiel pour étudier la diversité géologique de la surface de Mars et mettre en évidence s’il y a lieu, des « biosignatures », traces d’une vie passée à la surface de Mars, objectif scientifique affiché de la mission Mars 2020.

© Supercam team (LANL, IRAP, CNES & NASA)

Sur le site grenoblois, trois scientifiques Pierre Beck (UJF/IPAG), Lydie Bonal (OSUG/IPAG) et Éric Lewin (OSUG/ISTerre) sont associés à SuperCam. Tous trois ont des expériences de recherche variées, et sont experts de méthodes de mesure et d’observation différentes, lesquelles se retrouvent comme autant de sous-ensembles de SuperCam, ce qui en fait un trio très complémentaire. Éric Lewin a d’ores-et-déjà l’expérience de l’aventure spatiale en étant associé à ChemCam depuis sa conception et est un géologue « planétaire » ayant déjà une expertise reconnue dans la mission NASA « Mars Science Laboratory » avec le rover Curiosity. Pierre Beck fait partie de l’équipe opérant ChemCam depuis quelques mois. Son expertise repose notamment sur l’analyse spectroscopique à distance et en laboratoire avec des applications sur les petits corps astéroïdaux et sur Mars également. Ayant travaillé sur des météorites martiennes pendant sa thèse, il revient en quelques sortes à ses premières thématiques de recherche à travers SuperCam. Enfin, les thématiques de recherche de Lydie Bonal portent principalement sur la matière dite « primitive » et en particulier sur l’évolution des réservoirs en eau et matière carbonée du système solaire. Mars est un terrain de jeu qui lui est inconnu. Mais ses travaux antérieurs par spectrométrie Raman sur des matériaux carbonés partageant certaines caractéristiques avec des biosignatures éventuelles sur Mars ont séduit l’équipe de ChemCam. Des atouts que nos trois Grenoblois mettront à profit lors de l’aventure spatiale que leur offre SuperCam. !

Enfin, le véhicule sera équipé d’un système de collecte et de conservation d’échantillons martiens (fonction « caching »). SuperCam sera aussi l’un des instruments essentiels utilisé pour caractériser et sélectionner ces échantillons. Le conteneur (« cache ») dans lequel ils seront placés sera récupéré lors d’une mission ultérieure et renvoyé sur la Terre.

Laboratoires français associés au projet SuperCam :

  • Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble (CNRS / Université Joseph Fourier), Observatoire des Sciences de l’Univers de Grenoble
  • Institut des Sciences de la Terre (CNRS / Université Joseph Fourier / Université de Savoie / IRD / IFSTTAR), Observatoire des Sciences de l’Univers de Grenoble
  • Observatoire de Midi-Pyrénées (Université Toulouse III - Paul Sabatier / CNRS / CNES / IRD / Météo France)
  • Institut de recherche en astrophysique et planétologie (CNRS / Université Toulouse III - Paul Sabatier)
  • Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique (CNRS / Observatoire de Paris / UPMC / Université Paris-Diderot)
  • Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux (CNRS/Université de Bordeaux)
  • Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales (CNRS / UVSQ)
  • Institut d’astrophysique spatiale (CNRS/Université Paris Sud)
Contacts scientifiques locaux
 Éric LEWIN, ISTerre-OSUG : 04 76 51 40 77 / eric.lewin |a| ujf-grenoble.fr
 Lydie BONAL, IPAG-OSUG : 04 76 63 52 81 / lydie.bonal |a| ujf-grenoble.fr
 Pierre BECK, IPAG-OSUG : 04 76 63 52 77 / pierre.beck |a| ujf-grenoble.fr

Les médias en parlent
 voir notre revue de presse scoop.it !

[1SuperCam est le fruit d’une étroite collaboration scientifique entre l’équipe du Dr. Roger Wiens du Los Alamos National Laboratory (Los Alamos, Etats-Unis) et celle du Dr. Sylvestre Maurice de l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (IRAP, Toulouse, France), avec une contribution de l’équipe du Pr. Fernando Rull de l’Universita de Valladolid (Valladolid, Espagne).

Mis à jour le 3 août 2015