Rosetta : le voyage à rebondissements de Philae

Ces incroyables images du 12 novembre 2014 nous montrent la descente de Philae l’atterrisseur de la mission Rosetta sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, avant son premier impact (avant 15h43 GMT - 16h43 à Paris) sur le sol cométaire et le rebond qui s’en est suivi.

© ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA

La mosaique comprend une série d’images prises par la caméra OSIRIS-NAC [1], développée au LAM [2] à Marseille (CNRS/Aix-Marseille Université), sur une période de 30 minutes autour du premier impact. L’heure qui est notée est l’heure GMT (Paris est à GMT+1h). On peut y voir aussi une comparaison de la zone d’impact avant et après le contact.

Les images prises après l’impact montrent qu’il se déplaçait effectivement vers l’est tel que le suggéraient les données renvoyées par l’expérience CONSERT dont le PI est un chercheur du CNRS à l’IPAG (CNRS/Université Joseph Fourier), à une vitesse proche de 0,5 m/s.

CONSERT : Comet Nucleus Sounding Experiment by Radiowave Transmission
 Principal Investigator : Wlodek Kofman, chercheur CNRS à l’IPAG
 Laboratoires CNRS impliqués : IPAG, LATMOS, IRAP L’expérience consiste à faire propager un signal radio (90 MHz) depuis l’atterrisseur posé sur la comète, à travers le noyau cométaire et à le réceptionner sur la sonde en orbite. À la manière d’une radiographie, le signal ainsi propagé contient des informations sur le milieu qu’il traverse et permet d’obtenir des connaissances sur les propriétés physiques et électriques du noyau de la comète, une première et une expérience unique sur Rosetta. Avec plusieurs orbites d’observation, il est possible d’imager la structure interne dans sa globalité. L’analyse détaillée du signal radio qui traverse le noyau de la comète donne des contraintes fortes sur les matériaux, les inhomogénéités et permet d’identifier des blocs, des lacunes ou des vides. Avec ces informations nous cherchons des réponses à certaines questions sur la constitution des comètes. Elles devraient permettre de mieux cerner le problème essentiel de la formation des comètes. Se sont-elles formées à partir de grains interstellaires non transformés ou à partir de grains condensés dans la nébuleuse présolaire ? Comment a opéré l’accrétion ? En formant d’abord les cometésimaux et puis par collisions formant des corps kilométriques ?...

La position finale de Philae est encore inconnue, mais après le second rebond, il a rejoint ce lieu à précisément 17h32 GMT (18h32 à Paris). Les équipes sont confiantes sur la possibilité de combiner les informations provenant de CONSERT, de la caméra de navigation d’OSIRIS et d’OSIRIS-NAC. Mais aussi à partir des informations envoyées par Philae depuis la surface sur son proche environnement avec l’instrument ROLIS [3] et la caméra CIVA [4] dont le PI est un enseignant chercheur de l’UPSud à l’IAS [5] (CNRS/Université Paris Sud).

 

 

Cette actualité est également relayée par
 l’Institut national des Sciences de l’Univers du CNRS - INSU (source)

Contact scientifique local
 Wlodek Kofman, IPAG-OSUG : 04 76 51 41 47 - wlodek.kofman [a] obs.ujf-grenoble.fr
Les laboratoires CNRS impliqués dans Rosetta-Philae : CSNSM (CNRS/Université Paris-Sud) CRPG (CNRS/Université de Lorraine) GET (CNRS/CNES/IIRD/Université Paul Sabatier - Toulouse III) IAS (CNRS/Université Paris Sud) ICN (CNRS/UNS) IPAG (CNRS/Université Joseph Fourier) IRAP (CNRS/Université Paul Sabatier - Toulouse III) LAAS (CNRS) LAM (CNRS/Aix-Marseille Université) LATMOS (CNRS/UPMC/UVSQ) LERMA (Observatoire de Paris/CNRS/ENS/Université Cergy Pontoise/UPMC) LESIA (Observatoire de Paris/CNRS/Université Paris Diderot/UPMC) LISA (CNRS/Université Paris Diderot/UPEC) LPC2E (CNRS/Université d’Orléans) LPP (École Polytechnique/CNRS/Université Paris Sud/UPMC)   Les expériences auxquelles les laboratoires du CNRS contribuent :
 Orbiteur (9 instruments sur les 11) : ALICE, CONSERT, COSIMA, MIDAS, MIRO
, OSIRIS
, ROSINA
, RPC, VIRTIS.
 Atterrisseur (5 instruments sur les 10) : APXS, CIVA, CONSERT, COSAC et SESAME.

[1OSIRIS est composé d’une caméra à petit champ (NAC) qui permet d’obtenir des images à haute résolution spatiale du noyau cométaire et d’une caméra à grand angle (WAC) destinée à l’observation de la chevelure (coma) de la comète.

[2Laboratoire d’astrophysique de Marseille

[3ROLIS : Rosetta Lander Imaging System (fournit les premières images rapprochées du site d’atterrissage)

[4CIVA : Comet nucleus Infrared and Visible Analyzer
Principal Investigator : Jean-Pierre Bibring, enseignant chercheur de l’Université Paris Sud à l’Institut d’astrophysique spatiale (CNRS/Université Paris Sud)
Laboratoires CNRS impliqués : IAS, LAM
L’instrument CIVA est composé de trois sous-systèmes. L’instrument CIVA-P est un ensemble de 7 caméras destinées à réaliser le panorama stéréoscopique du site d’atterrissage, avec une résolution millimétrique près de Philae, et métrique à l’horizon. CIVA-M est lui-même un ensemble de deux microscopes. CIVA-M/V est un microscope optique : des échantillons prélevés par forage seront successivement éclairés en 3 couleurs du vert au rouge, et les images permettront d’identifier des détails de quelques micromètres. CIVA-M/I est un microscope infrarouge hyperspectral, qui réalisera des images des échantillons dans plus de 500 couleurs balayant le domaine du proche infrarouge : le but est de caractériser la composition des glaces, des grains et des molécules organiques présents dans le matériau cométaire. Ces analyses sont non destructives, les échantillons pourront donc être ensuite soumis à des mesures complémentaires, en particulier par spectrométrie de masse (instruments Ptolemy et COSAC).
Au total, CIVA devrait permettre de mettre en évidence les processus actifs à la surface du noyau cométaire, et d’en caractériser les constituants majeurs et mineurs. L’ensemble de ses systèmes a été développé sous la responsabilité de l’IAS, ainsi que leur unité centrale électronique de pilotage.

[5Institut d’astrophysique spatiale

Mis à jour le 26 novembre 2014