[Conférences] Les conférences du jardin 2024

Situé au Col du Lautaret à 2 100 mètres d’altitude, face aux glaciers de la Meije, le Jardin du Lautaret (UGA/CNRS) rassemble plus de 2 000 espèces de plantes des Alpes et des montagnes du monde. La richesse des collections et l’aménagement en rocailles intégrées au paysage font de ce jardin d’altitude l’un des plus beaux d’Europe.

Entre science, tourisme et diffusion des savoirs, le Jardin du Lautaret vous propose du 01 juillet au 29 août 2024 d’assister tous les lundis à 17h aux "Conférences du jardin". Des conférences gratuites et grand public de 45 min.

À la rencontre des scientifiques de l’OSUG


Gentiana acaulis et Globularia cordifolia
1 juillet : Plantes et milieux remarquables du col du Lautaret [Rolland Douzet]

Depuis la fin du 18e siècle, le Lautaret est un haut-lieu de la botanique alpine. Sa position stratégique au cœur des Alpes se traduit par une diversité écologique et floristique inégalée. 1/4 de la flore de France est présente à cet endroit. Venez vous initier à l’histoire de la botanique, aux richesses naturelles du Lautaret et poser toutes les questions qui vous brûlent à leur sujet !

Rolland Douzet est directeur-adjoint du jardin du Lautaret. Il y travaille depuis une trentaine d’années. Il est en parallèle professeur de biologie végétale, de botanique, de biodiversité écologie évolution, à l’Université Grenoble Alpes. Il organise, tous les étés au Lautaret, une formation diplômante de 10 jours en botanique et écologie végétale alpine.


8 juillet : Le pastoralisme ovin dans les Alpes du Sud : entre opportunités et vulnérabilités [Philippe Choler - Rémy Perron - Muriel Della-Vedova]

Les systèmes d’élevage qui reposent sur l’utilisation estivale des espaces pastoraux d’altitude, ou alpages, sont au centre de questions et de choix de société :

  • Comment maintenir ou développer une agriculture de montagne et de produits locaux à haute valeur ajoutée dans un contexte de changements climatiques et socio-économiques ?
  • Comment s’assurer que le pastoralisme contribue à la gestion conservatoire des fonctionnalités et des biodiversités remarquables des écosystèmes de montagne ?
  • Comment concilier, ou parfois réconcilier, les différentes vocations des alpages - espace de production, espace récréatif, espace de préservation d’une vie « sauvage - dans une vision partagée du territoire ?

Toutes ces questions seront abordées au cours d’une journée dédiée au pastoralisme (avec sortie terrain et visite thématique des collections du jardin), résumées et complétées lors de cette conférence à trois voix.

Pastoralisme ovin au col du Lautaret © Serge Aubert/CNRS Images

 Philippe Choler, directeur de recherche CNRS au laboratoire d’écologie alpine (UGA/USMB/CNRS), travaille depuis plus de 30 ans sur le fonctionnement et la dynamique des alpages en croisant différentes approches (biodiversité, climatologie, socio-écologie, histoire environnementale).
 Rémy Perron est doctorant au laboratoire d’écologie alpine et à AgroParisTech sur les liens entre pratiques pastorales et végétations d’alpage. Son travail étudie particulièrement les évolutions récentes du pastoralisme ovin dans les Alpes du sud.
 Muriel Della-Vedova est chargée de mission agriculture et pastoralisme au Parc national des Écrins. Elle s’occupe principalement des projets à l’interface agriculture/pastoralisme et biodiversité/changement climatique (mesures agroenvironnementales et climatiques, diagnostics pastoraux, prairies, programme Alpages sentinelles...).


Terrasses et Arsine © Sandra Lavorel
15 juillet : Living Lab au Pays de la Meije [Sandra Lavorel]

Le Pays de la Meije est un territoire où les scientifiques travaillent, depuis plus de 20 ans, avec les acteurs locaux pour étudier comment la biodiversité contribue à la qualité de la vie, quels sont les effets attendus du changement climatique et quelles trajectoires faudrait-il construire collectivement pour s’y adapter.
Scientifiques, habitants, le Parc national des Écrins et les différents partenaires du territoire expérimentent et évaluent ensemble, dans une approche globale du paysage, comment la gestion des prairies ou de la végétation ligneuse (arbres, arbustes...) et la conservation de la biodiversité pourront bénéficier simultanément à l’environnement, à la société locale et à l’économie du territoire.
Dans cette conférence, Sandra Lavorel, nous présentera le concept de solutions fondées sur la nature, comment il se traduit ici au Pays de la Meije, les objectifs de ce Living Lab (laboratoire vivant), le processus scientifique en cours de co-construction avec les acteurs du territoire et les recherches à venir.

Sandra Lavorel est directrice de recherche au laboratoire d’écologie alpine de Grenoble (UGA/CNRS), elle est spécialiste en écologie fonctionnelle. Elle étudie les socio-écosystèmes des alentours du Lautaret depuis une vingtaine d’année avec l’appui logistique du jardin du Lautaret. En 2022, elle reçoit la légion d’honneur au grade d’Officier. En 2023 son travail est à nouveau récompensé par la prestigieuse médaille d’or du CNRS. C’est le 15è prix qui vient gratifier ses recherches pionnières et son engagement pour apporter son expertise scientifique en appui aux décisions publiques. Elle est également membre de l’Académie des sciences et experte pour les évaluations de l’IPBES (le GIEC de la biodiversité).


22 juillet : Papillons des Alpes [Laurence Després]

Pourquoi y a-t-il autant d’espèces de papillons dans les Alpes ? Tout d’abord qu’est-ce qu’un papillon ? Classification, morphologie, cycle de vie... En quoi les papillons sont des bio-indicateurs de l’état des milieux ? Comment expliquer que les montagnes d’Europe, et les Alpes en particulier, sont des "points chauds" de biodiversité qui favorisent leur présence. Mais aussi quelle est la vulnérabilité de ces écosystèmes face aux changements globaux (réchauffement climatique et pressions anthropiques) ? Telles sont les questions qui trouveront réponses lors de cette conférence de Laurence Després.

Laurence Després est professeure à l’Université Grenoble Alpes où elle enseigne l’écologie et l’évolution. Elle mène ses recherches au LECA sur la diversification et l’adaptation des insectes aux contraintes environnementales, dont les papillons.


29 juillet : Au sommet de la contamination [Marion Sarah Deville-Cavellin]

Dans les Alpes françaises, les activités minières ont façonné les sociétés humaines pendant des centaine d’années, mais ont laissé derrière elles des zones contaminées par des éléments traces métalliques (plomb, mercure, arsenic) et des hydrocarbures aromatiques polycycliques. L’impact de cette pollution sur les organismes vivants reste mal compris, surtout dans un paysage alpin réputé pour être un environnement très sensible aux changement globaux et à la pollution. Les polluants réduisent la diversité végétale, mais certaines plantes comme Cardamine resedifolia tolèrent et accumulent les métaux lourds. Marion Sarah Deville-Cavellin étudie génétiquement ces plantes pour comprendre leur résistance, et présentera ses recherches lors d’une conférence.

Marion Sarah Deville-Cavellin, est en thèse au laboratoire d’écologie alpine de Grenoble. Elle s’intéresse aux impacts de la contamination sur les communautés végétales, en particulier les communautés alpines. Après avoir obtenu une licence en biologie, elle a suivi plusieurs formations en botanique, notamment au col du Lautaret, puis a réalisé un master en écologie (biodiversité, écologie, évolution), au cours duquel elle a pu étudier de près les communautés végétales d’altitude.


5 août : Darwin, les plantes, et le formidable mystère de l’évolution [Sébastien Lavergne]

Darwin est souvent présenté comme le père de la théorie de l’évolution, proposée sur la base de son étude des pinsons des Galapagos, qu’il aurait découverts lors de son fameux voyage initiatique à bord du HMS Beagle. Nous verrons comment au contraire, sa découverte des mécanismes de l’évolution est aussi le fruit d’une période favorable à l’émergence de l’idée même d’évolution dont il n’était pas le seul porteur, comment sa théorie a été enrichie par ses interactions avec de nombreux collègues botanistes, et par son immense passion pour les plantes auxquelles il a consacré des centaines d’observations et d’expériences, et ce pendant plusieurs décennies. Il aura même produit six ouvrages majeurs de botanique qui, publiés après le fameux De l’Origine des Espèces, ont ouvert des pistes de recherches encore étudiées 200 ans plus tard.

Sébastien Lavergne est directeur de recherches au CNRS, et travaille au laboratoire d’écologie alpine (Université Grenoble Alpes, Université Savoie Mont Blanc) où il dirige une équipe de recherche. Ses travaux portent sur la biologie évolutive des plantes de haute montagne, ce qui lui permet de pratiquer ses deux passions : la génétique et l’alpinisme.


Expérience de plantation de différentes espèces de saules dans la zone expérimentale du jardin du Lautaret
12 août : Génie végétal et cours d’eau de montagne [Juliette Rousset]

Les berges de cours d’eau sont des hot spots de biodiversité mis en péril par l’usage du béton comme technique de protection contre l’érosion. Comment peut-on stabiliser ces berges avec de la végétation et quelle végétation mettre en place ? Planter pour imiter la nature.

Juliette Rousset est doctorante au centre INRAE Lyon-Grenoble Auvergne-Rhône-Alpes. Elle étudie les processus géomorphologiques et écologiques des berges de cours d’eau de montagne afin de développer des ouvrages de génie végétal adaptés à ces milieux contraints, et aux écosystèmes en place.


19 août : Quel sol pour quelle espèce ? Étude du sol comme cause de la biodiversité alpine [Camille Voisin]

La chaîne des Alpes est le plus grand ensemble de montagnes d’Europe, et comprend une mosaïque de paysages des plaines à la haute montagne. Cet ensemble présentant une variété de conditions climatiques, géologiques et topographiques, a été et est encore étudié pour comprendre les processus qui ont permis l’apparition et le maintien de la riche biodiversité qui y réside.
De nombreux travaux ont montré l’importance de la topographie qui, associée aux périodes glaciaires, ont favorisé l’isolement de petites populations donnant lieu avec le temps à de nouvelles espèces. Pourtant en observant ces montagnes, la différence d’espèces présentes sur les grands types de sol, calcaire ou granitique est flagrante.
Ainsi, le substrat semble avoir eu un rôle important dans l’histoire de la flore des Alpes. En réponse à cette observation, cette conférence cherchera à décrire et expliquer les phénomènes et processus, au cours de l’histoire de l’arc alpin, qui ont lié plantes et sols de montagne.

Noccea rotundifolia © Camille Voisin

Camille Voisin est chercheur doctorant au laboratoire d’écologie alpine de Grenoble. Après une dizaine d’années à travailler comme jardinier botaniste, notamment au jardin du Lautaret entre 2015 et 2021, ses recherches portent aujourd’hui sur l’origine de la biodiversité de la flore alpine, en se focalisant notamment sur l’interaction plante et sol.


Glacier de la girose, plongée au cœur des controverses, aquarelle © Philippe Mussato
26 août : (A)ménager les glaciers alpins ? [Xavier Bodin - Sébastien Ibanez - Mikael Chambru]

De nombreux scientifiques alertent sur l’urgence de protéger les glaciers alpins et, plus largement, de préserver cette ressource indispensable à la vie qu’est l’eau. De fait, les connaissances, objectives et situées, qu’ils et elles produisent depuis des années prennent place dans le débat actuel, qu’il s’agisse de glaciologie, d’écologie ou de sociologie. Faits, chiffres, observations, résultats de modélisations et d’analyses, débats, controverses et questionnements sont aussi une façon de nous relier aux lieux étudiés, que ce soit par le terrain, sur un ordinateur ou une paillasse de laboratoire...
Au final, ces connaissances sont aussi une façon de produire de nouveaux récits sur la haute montagne.
Dans un contexte de crises socio-environnementales accentuées par les changements globaux, ce que l’on sait de leurs impacts sur les glaciers, leurs environs, sur les habitants, humains et non humains, pose ainsi la question des aménagements de la montagne à des fins récréatives, touristiques et sportives, et interroge nos rapports au monde et la façon dont nous nous y projetons.


 Xavier Bodin est géomorphologue et chargé de recherche CNRS au Laboratoire environnements, dynamiques et territoires de montagne (EDYTEM). Depuis 2010, il s’intéresse aux dynamiques de versant montagneux, notamment au glacier du Combeynot grâce au soutien du jardin du Lautaret. Le but est de comprendre comment l’évolution climatique des 100 à 50 dernières années impacte la haute montagne et quelles en sont les conséquences pour les sociétés.
 Sébastien Ibanez est maître de Conférences à l’Université Savoie Mont Blanc, où il enseigne surtout la théorie de l’évolution et les statistiques appliquées à la biologie. Son travail de recherche, au sein du Laboratoire d’écologie alpine, porte notamment sur l’écologie des communautés (plantes en coussin, réseaux plantes-herbivores, plantes-pollinisateurs), l’écologie fonctionnelle (interactions herbivores-plantes-sol) et l’écologie évolutionnaire (origine et stabilité de l’entraide entre les espèces). Il combine les approches théoriques et empiriques
 Mikaël Chambru est maître de conférences en sciences sociales à l’Université Grenoble Alpes et coordinateur scientifique du Labex ITTEM (Laboratoire d’excellence Innovations et transitions territoriales en montagne). Ses travaux de recherche portent sur la mise en public des sciences, les controverses publiques et les mobilisations socio-environnementales dans les territoires de montagne (expériences, observations de terrain).


Informations pratiques
 Localisation : Jardin botanique alpin du Lautaret 05480 Villar-d’Arène
 Horaire : tous les lundis à 17h
 Événement Gratuit

Mis à jour le 13 juin 2024