Découverte de « sauts » de CO2 atmosphériques durant les 500 000 dernières années dans les carottes de glace de l’Antarctique
Communiqué de presse UGA / CNRS / Grenoble INP-UGA / CEA
Les chercheurs ont mesuré à l’IGE un nouvel enregistrement à haute résolution de CO2 sur la carotte Antarctique EPICA Dome C, leur permettant d’identifier sept nouveaux sauts. En comparant leurs données avec des précédentes études, ils ont ainsi pu mettre en évidence que 18 des 22 sauts de CO2 enregistrés au cours des 500 000 dernières années se sont produits pendant des périodes où l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre par rapport au plan de son orbite autour du soleil, appelée obliquité, était élevée.
S’appuyant sur de nouvelles simulations effectuées par un modèle de climat, les chercheurs ont démontré que dans un contexte de forte obliquité, les différents réservoirs de carbone terrestre, notamment la végétation continentale, sont particulièrement sensibles aux changements climatiques liés aux modifications majeures de la circulation océanique Atlantique. La perturbation de ces réservoirs de carbone déclenche des relargages massifs de carbone dans l’atmosphère, à l’origine de ces sauts de CO2.
Quel lien avec le réchauffement climatique actuel ?
La Terre se trouve actuellement dans une de ces périodes de haute obliquité. En cas de perturbation majeure de la circulation océanique Atlantique, notamment un ralentissement de l’AMOC (Atlantic Meridional Overturning Circulation), une quantité de carbone équivalente à quatre années d’émissions anthropiques mondiales (au rythme des émissions moyennes de la période 2010-2019) pourrait être relarguée en l’espace de quelques dizaines d’années, se superposant ainsi aux émissions anthropiques actuelles. Néanmoins, il demeure actuellement une grande incertitude sur le devenir de l’AMOC en réponse au réchauffement climatique actuel. Dans le scénario d’un effondrement de l’AMOC consécutif aux modifications climatiques causées par les activités humaines, un relargage massif additionnel de carbone dans l’atmosphère provenant de sources naturelles viendrait s’ajouter aux émissions anthropiques.
Référence
Centennial-scale variations in the carbon cycle enhanced by high obliquity
Etienne Legrain, Emilie Capron, Laurie Menviel, Axel Wohleber, Frédéric Parrenin, Grégory Teste, Amaëlle Landais, Marie Bouchet, Roberto Grilli, Christoph Nehrbass-Ahles, Lucas Silva, Hubertus Fischer & Thomas F. Stocker
https://doi.org/10.1038/s41561-024-01556-5
Contact scientifique local
– Etienne Legrain, Anciennement Doctorant à l’Institut des Géosciences de l’Environnement lors de la rédaction de l’article et actuellement post-doctorant à l’Université Libre de Bruxelles.
– Emilie Capron, Chargée de recherche CNRS à l’Institut des Géosciences de l’Environnement.
Ce communiqué a été initialement publié par l’l’Université Grenoble Alpes.
Mis à jour le 12 novembre 2024