Le réchauffement de l’océan Austral, une conséquence du changement climatique, menace la viabilité de 60% des plateformes glaciaires antarctiques
Commmuniqué de Presse UGA / CNRS
Les plateformes de glace flottantes sont le talon d’Achille de la calotte Antarctique : elles freinent aujourd’hui l’écoulement de la glace continentale vers l’océan, mais restent extrêmement sensibles au réchauffement de l’atmosphère et de l’océan. Leur disparition accélérerait fortement l’élévation du niveau des mers, un enjeu majeur pour les siècles à venir. Grâce à une méthode inédite prenant en compte l’ensemble des incertitudes climatiques et glaciologiques, y compris les processus encore mal compris de fracturation de la glace ou le vêlage d’iceberg, les scientifiques ont estimé les dates au-delà desquelles certaines plateformes n’ont quasiment plus de chance de subsister à long terme.
Les résultats de cette étude sans précédent montrent que, sur les 64 principales plateformes d’Antarctique, 26 seront condamnées d’ici 2150 si les émissions continuent à augmenter, ce qui correspond à un climat planétaire de 8°C plus chaud que l’époque pré-industrielle. Dans ce même scénario, le réchauffement global atteindrait environ 12°C en 2300 et trente-huit plateformes glaciaires seraient alors condamnées. La cause principale : le réchauffement de l’océan qui ferait fondre les plateformes par en dessous, au-delà de leur seuil de résistance. La perte de ces plateformes retirerait le frein naturel qui retient aujourd’hui d’immenses portions de la calotte glaciaire, ouvrant la voie à une élévation du niveau des mers pouvant atteindre jusqu’à 10 mètres en quelques siècles.À l’inverse, dans un scénario de réduction drastique des émissions permettant à la planète de rester à moins de 2°C du climat pré-industriel, 63 plateformes sur 64 auraient encore des chances de survivre jusqu’en 2300 voire au-delà. Cette étude confirme donc que les choix d’aujourd’hui en matière de réduction des gaz à effet de serre détermineront directement le futur de l’Antarctique – et celui du niveau des mers dans le monde entier.
Références
Burgard, C., Jourdain, N.C., Mosbeux, C. et al. Ocean warming threatens the viability of 60% of Antarctic ice shelves. Nature (2025). DOI : 10.1038/s41586-025-09657-w
Contacts scientifique local
Clara Burgard, post-doctorante à l’IGE / OSUG pendant l’étude, aujourd’hui chercheuse CNRS à l’Institut Pierre Simon Laplace et au Laboratoire d’océanographie et du climat
Ce communiqué a été initialement publié par l’UGA
Mis à jour le 6 novembre 2025
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