D’après les derniers résultats du radar CONSERT sur Rosetta, les comètes sont principalement composées de poussières riches en matériau carboné
Les mesures de l’expérience CONSERT de la mission Rosetta ont permis pour la première fois d’observer l’intérieur d’une comète et d’estimer la composition moyenne du noyau. Cette étude décisive montre que les comètes sont principalement composées de poussières riches en matériau carboné. Ce travail a été publié, le 7 mars 2017 dans le journal MNRAS (Monthly Notices of the Royal Astronomical Society) édité par Oxford University Press [1]. Il a été mené par une équipe dans laquelle des chercheurs français de l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble (IPAG/OSUG - CNRS / Université Grenoble Alpes), du Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales (CNRS/Université Pierre et Marie Curie/Université Versailles St-Quentin) et de l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (CNRS/Université de Toulouse Paul Sabatier) sont fortement impliqués.
Les études actuelles s’appuient sur une interprétation plus précise de la constante diélectrique du noyau (proche de 1,27) à partir de mesures en laboratoire de la permittivité de glaces (d’eau, de monoxyde et de dioxyde de carbone) et de minéraux ainsi que d’analogue de matériaux cométaires (Brouet et al., 2016 [6] ; Herique et al, 2002 [7] ; Heggy et al., 2012 [8]). Cette analyse, utilise les formules de mélanges de matériaux diélectriques ainsi que les estimations de la densité et du rapport poussières / glaces pour montrer que la fraction réfractaire doit avec une permittivité faible pour pouvoir expliquer la constante diélectrique mesurée par CONSERT. Ces résultats permettent d’exclure que les particules de poussière cométaire aient une composition essentiellement minérale. Les modèles proposés pour la composition de l’intérieur du noyau permettent d’affirmer que la matière carbonée est largement présente, correspondant jusqu’à 75% en volume dans la composition des poussières.
Ces nouveaux résultats changent de la vision classique d’une comète « boule de neige sale ». Ils suggèrent que la comète cible de la mission Rosetta (et probablement aussi les autres comètes) présente une fraction considérable de matériau carboné au niveau de ses poussières. Cette conclusion renforce sensiblement les hypothèses selon lesquelles la composante réfractaire des comètes, par sa composition et sa structure, aurait pu contribuer à l’émergence de la vie sur Terre.

Crédits : MNRAS
En savoir plus
– CONSERT, Blog de l’ESA Rosetta
– Actualités scientifiques CNRS-INSU : "Premiers résultats scientifiques de Philae : Tchouri se révèle… différente" et "On a retrouvé Philae !"
Source
Cosmochemical implications of CONSERT permittivity characterization of 67P/CG, MNRAS, 7 mars 2017, doi:10.1093/mnras/stx040
Cette actualité est également relayée par
– l’institut national des sciences de l’Univers du CNRS (INSU)
– l’Université Toulouse III - Paul Sabatier
Note
1. Mon Not R Astron Soc (2016) 462 (Suppl_1) : S516-S532
2. Kofman W., et al., 2015, Science, 349, 6247, aaa0639
3. Sierks H., et al., 2015, Science, 347, aaa1044
4. Pätzold M., et al., 2016, Nature, 530, 63
5. Rotundi A., et al., 2015 , Science, 347, aaa3905
6. Brouet Y. et al., 2016, MNRAS, S1, 89
7. Herique A. et al., 2002, Planet. Space Sci., 50, 857
8. Heggy et al., 2012, ICARUS, 221(2), pp. 925–939
Mis à jour le 18 juillet 2018