Des courants de matière alimentent et transforment les jeunes disques protoplanétaires

Image trichromique de Barnard 207, le nuage moléculaire parent de L1489 IRS. Les couleurs bleue, verte et rouge représentent les observations menées avec le Discovery Channel Telescope dans les bandes V, R, et I, respectivement. Le jeune objet stellaire de Classe I L1489 IRS et le cœur préstellaire proche L1489 sont indiqués au bout des flèches. Image produite à partir des données publiées dans Togi et al. (2017).
Le radio-interféromètre NOEMA a permis de caractériser un courant d’accrétion, appelé « streamer », alimentant un jeune disque protoplanétaire. Ce flux de matière interstellaire a un impact majeur sur la structure et la chimie du disque, influençant les conditions de formation des futures planètes dans ce système. Une avancée rendue possible grâce aux travaux menés par Maxime Tanious dans le cadre de sa thèse à l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble (IPAG-OSUG, CNRS/UGA) et à l’Institut de radioastronomie millimétrique (IRAM – CNRS/MPG/IGN).

Le radio-interféromètre NOEMA, installé sur le plateau de Bure dans les Alpes françaises, a permis de caractériser avec précision les propriétés physiques et chimiques d’un courant d’accrétion, appelé « streamer », alimentant un jeune disque protoplanétaire. Bien que de tels flux de matière interstellaire soient désormais fréquemment observés, leur influence sur l’évolution des disques reste encore mal comprise. Cette étude montre qu’un de ces streamers exerce un rôle majeur dans la structure et la composition chimique du disque, modifiant potentiellement les conditions mêmes dans lesquelles se forment les futures planètes.

Menée par Maxime Tanious dans le cadre de sa thèse à l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble (IPAG - CNRS/UGA) et à l’Institut de radioastronomie millimétrique (IRAM – CNRS/MPG/IGN), sous la direction de Romane Le Gal et Alexandre Faure, l’étude s’appuie sur des observations millimétriques de L1489 IRS, une protoétoile entourée d’un disque riche en gaz et poussières. Grâce à la sensibilité et à la résolution de NOEMA, cette même équipe qui avait récemment identifié ce streamer autour du jeune système [1] a pu en modéliser l’émission moléculaire et en quantifier l’impact sur le disque protoplanétaire.

Émission de trois molécules observées avec l’interféromètre NOEMA associé au télescope de 30m de l’IRAM dans le système protostellaire L1489 IRS, révelant le courant d’accrétion connectant la protoétoile au cœur pré-stellaire voisin.

Les résultats montrent que ce streamer est particulièrement massif : il pourrait être à l’origine du disque externe observé autour de L1489 IRS et renouveler plusieurs fois la matière qu’il contient. Sur le plan chimique, le streamer apporte de la matière « fraîche » issue d’un cœur pré-stellaire voisin, pouvant modifier la composition du disque et reliant ainsi la chimie du milieu interstellaire à celle des régions où naissent les planètes.

Ces travaux contribuent ainsi à mieux comprendre l’origine de la complexité chimique des systèmes planétaires et à revisiter les modèles classiques de formation stellaire.


Référence

Anatomy of the Class I protostar L1489 IRS with NOEMA. II. A disk replenished by a massive streamer. M. Tanious, R. Le Gal, A. Faure, S. Maret, A. López-Sepulcre, P. Hily-Blant. A&A, 703, A244. DOI : 10.1051/0004-6361/202555649

Contacts scientifiques locaux

 Maxime Tanious, doctorant UGA à l’IPAG
 Romane Le Gal, astronome adjointe UGA à l’OSUG, rattachée à l’IPAG
 Alexandre Faure, chercheur CNRS à l’IPAG

Cette actualité a été initialement publié par l’UGA.

[1Anatomy of the Class I protostar L1489 IRS with NOEMA. I. Disk, streamers, outflow(s) and bubbles at 3 mm M. Tanious, R. Le Gal, R. Neri, A. Faure, A. Gupta, C.J. Law, J. Huang, N. Cuello, J.P. Williams, F. Ménard A&A, 687, 2024. DOI : 10.1051/0004-6361/202348785

Mis à jour le 26 novembre 2025