Des écosystèmes de haute montagne précieux pour le bien-être national

Paysage patrimoniale support de biodiversité et de multiples services écosystémiques. La Grave, Hautes-Alpes © bertrandboone.com
L’évaluation nationale des écosystèmes de haute montagne, des Alpes, des Pyrénées et de la Corse, souligne leur haute qualité écologique et leur biodiversité. Les écosystèmes de haute montagne ont une très forte valeur patrimoniale et fournissent de nombreux bénéfices aux habitants des régions de montagne comme à toute la société. Cependant, des menaces importantes pèsent par exemple sur leurs milieux humides ou les écosystèmes nivaux. Ils sont par ailleurs vulnérables aux effets du changement climatique. C’est ce que révèle un rapport issu de l’Evaluation Française des Ecosystèmes et des Services Ecosystémiques (EFESE) piloté par le Laboratoire d’Ecologie Alpine (LECA - CNRS/Université Savoie Mont Blanc/Université Grenoble Alpes) de Grenoble.

L’évaluation nationale des écosystèmes de milieux rocheux et de haute montagne est parue le 3 octobre 2018. Ce rapport, piloté par le Laboratoire d’Ecologie Alpine de Grenoble, est l’une des six évaluations coordonnées par le Ministère en charge de l’Environnement dans le cadre de l’Evaluation Française des Ecosystèmes et des Services Ecosystémiques (EFESE) et menées à l’échelle nationale sur les principaux types d’écosystèmes :

  • écosystèmes agricoles,
  • écosystèmes forestiers,
  • milieux humides,
  • écosystèmes urbains,
  • écosystèmes de haute montagne et milieux rocheux
  • milieux marins et littoraux.

Chacune de ces évaluations a décliné un cadre d’analyse commun en vue d’un rapportage de l’état des différents types d’écosystèmes et de leur biodiversité, des principaux facteurs de changement les affectant, des services écosystémiques qu’ils fournissent à la société et de leur valeur patrimoniale. Chaque rapport se termine par une synthèse des contributions des écosystèmes au bien-être national et des pistes pour une meilleure prise en compte de leurs multiples valeurs dans la gouvernance nationale. Il souligne également les principales lacunes de connaissances. Chaque rapport est aussi accompagné d’une série de messages clés pour les décideurs.

Le rapport sur les milieux rocheux et les écosystèmes de haute montagne souligne la haute qualité de ces écosystèmes présents dans les Alpes, les Pyrénées et la Corse, et de leur biodiversité, bien que des menaces importantes pèsent sur certains milieux (par exemple les milieux humides d’altitude ou les écosystèmes nivaux) et qu’ils subissent les effets du changement climatique. Les écosystèmes de haute montagne ont une très forte valeur patrimoniale et fournissent de nombreux bénéfices aux habitants des régions de montagne, comme à toute la société nationale.

En particulier les prairies et pelouses gérées par le pastoralisme accueillent une biodiversité élevée et offrent toute une série de bénéfices économiques, de santé et de bien-être. Il s’agit non seulement de produits agricoles souvent labellisés mais aussi de la valeur culturelle des paysages ouverts et des espèces spécialistes de ces milieux, de la valeur pour les activités récréatives de plein air et de fonctions de régulation du climat global (par les stocks de carbone des sols), de l’érosion des sols (selon les pratiques de gestion pastorale) ou des avalanches. La durabilité de l’élevage en haute montagne est tributaire des évolutions des politiques publiques agricoles et de biodiversité, du maintien et de l’amélioration des conditions d’emploi en montagne, et du développement de la pluriactivité, de l’innovation et des infrastructures.

L’ensemble des écosystèmes de haute montagne sont le support de multiples activités récréatives et touristiques en toutes saisons, qui peuvent entrer en conflit avec la conservation de la biodiversité qui contribue en partie à leur attractivité. Ces interactions sont régulées par l’encadrement réglementaire des pratiques, la formation des professionnels et l’éducation, mais demandent aussi de consolider la concertation entre les acteurs.

Enfin, même si ces fonctions et leurs bénéfices ne sont pas toujours bien quantifiés, les écosystèmes de haute montagne contribuent significativement de par leur position en tête de bassins versants à une diversité de régulations hydrologiques, climatiques ou des risques naturels.

L’ensemble de ces valeurs doivent être une préoccupation majeure pour un développement durable des régions de haute montagne reposant sur leur biodiversité et leurs services écosystémiques et sur leur patrimoine naturel. Un tel développement durable repose sur une gouvernance spécifique et activant les solidarités territoriales.

Source

Le rapport est disponible sous forme d’e-publication sur le site du MTES

Contacts scientifiques locaux

 Sandra LAVOREL, LECA/OSUG | sandra.lavorel univ-grenoble-alpes.fr
 Emilie CROUZAT, LECA/OSUG | emilie.crouzat irstea.fr

Cet article a été publié par

 l’Institut Écologie et Environnement du CNRS INEE

Publié le 22 janvier 2019

Mis à jour le 11 février 2019