Au Sahel Ouest-African, des extrêmes de pluie qui s’intensifient

Dans une étude publiée récemment dans le journal Environmental Research Letters, les chercheurs de l’IGE (l’un des laboratoires de la fédération OSUG) ont tenté de savoir si les événements de pluie dits ‘extrêmes’ ont subi des évolutions significatives au cours de cette période récente, en s’appuyant sur une base de données régionale d’observations au sol. Alors que peu de stations enregistrent une tendance significative, le cadre statistique utilisé a permis de montrer que la région dans son ensemble, qui s’étend de la côte sénégalaise aux rives du lac Tchad, enregistre une tendance à la hausse statistiquement significative. Cette hausse de 5%/décennie concerne la moyenne et la variabilité des extrêmes de pluie. Concrètement, cela signifie que la fréquence des événements les plus rares (les plus forts) augmente davantage : alors qu’un événement qui avait en moyenne 1 chance sur 10 d’arriver tous les ans arrive désormais 1 an sur 5 (soit un doublement de sa fréquence), un événement centennal en début de période (1 chance sur 100 de se produire tous les ans) arrive à présent tous les 40 ans (soit une fréquence multipliée par 2,4).
Ces chiffres se démarquent des évolutions observées par le passé et montrent la forte sensibilité des extrêmes pluviométriques sahéliens. Bien qu’ils n’aient pas été attribués aux activités humaines, la question se pose de l’intégration de cette nouvelle donne hydro-climatique dans les politiques d’aménagement et d’adaptation au changement climatique.
Référence
Guillaume Chagnaud, Geremy Panthou, Theo Vischel, Thierry Lebel, A synthetic view of rainfall intensification in the West African Sahel. Environmental Research Letters, janvier 2022
Contact scientifique local
– Guillaume Chagnaud, IGE/ OSUG
Cet article a été publié initialement publié par l’Université Grenoble Alpes
Mis à jour le 9 mars 2022