Les chèvres corses anciennes : de l’intérêt de préserver la diversité des races traditionnelles, plus résistantes aux maladies

Les chèvres corses actuelles ont gardé une diversité génétique comparable à celle du moyen-âge sur l’île. C’est ce que révèle l’étude paléogénétique qui a comparé les ADN mitochondriaux de chèvres datant des XIIe et XIVe siècles avec ceux de chèvres actuelles. Cette étude, qui illustre une fois de plus l’intérêt de protéger les races anciennes, s’inscrit dans la promotion de la biodiversité. Elle a été menée par une équipe composée notamment de membres du LECA, Laboratoire d’écologie alpine (CNRS/UJF/U.Savoie) associé à l’OSUG.

© INRA / R. Bouche

_ Une des explications avancée est le rôle important qu’auraient joué non seulement l’insularité de la Corse, mais également le système d’élevage traditionnel et millénaire propre à la Corse. La chèvre corse, race reconnue depuis 2003 [1], présente en effet des aptitudes tout à fait exceptionnelles de résistance et d’adaptation à des milieux difficiles.
Les équipes pluridisciplinaires qui ont publié cet article sont formelles : à l’heure où les ressources génétiques des espèces domestiques se réduisent sous l’impact de la sélection, leur étude montre l’intérêt de préserver des races rustiques et les systèmes d’élevage traditionnels. Elle démontre également l’intérêt de la paléogénétique, qui, en permettant d’ouvrir une fenêtre sur le passé, met en évidence la diversité génétique effectivement présente à des périodes anciennes. La paléogénétique constitue en effet un moyen unique pour comprendre l’histoire des espèces domestiques, de leurs origines à leur diffusion.
Alors que la paratuberculose [2] frappe de plus en plus les élevages de chèvres corses, il est plus que jamais d’actualité de prêter une attention toute particulière à ces chèvres dont les caractéristiques sont un gage de biodiversité et de résistance à la maladie. Et d’encourager leur préservation.

Références

Publié dans le journal scientifique américain PLoS [3] du 27 janvier 2012 ; lire l’article (en anglais).

Auteurs : Sandrine Hughes1, Helena Fernández2, Thomas Cucchi3,4, Marilyne Duffraisse1, François Casabianca5, Daniel Istria6, François Pompanon2, Jean-Denis Vigne3, Catherine Hänni1, Pierre Taberlet2.

1 Paléogénomique et Evolution Moléculaire, Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon (Université Lyon 1/CNRS/INRA/Ecole Normale Supérieure de Lyon)
2 Laboratoire d’Ecologie Alpine (CNRS/Université Joseph Fourier/U.Savoie)
3 Archéozoologie, Archéobotanique : Sociétés, Pratiques et Environnements (CNRS/Muséum National d’Histoire Naturelle)
4 Department of Archaeology, University of Aberdeen, United Kingdom
5 Laboratoire de Recherches sur le Développement de l’Elevage (INRA)
6 Laboratoire d’Archéologie Médiévale Méditerranéenne (CNRS/U. Aix-Marseille)

[1La race « Chèvre corse » a été reconnue en 2003 par la CNAG (Commission Nationale d’Amélioration Génétique) du ministère de l’Agriculture, et par décret du même ministère en 2007.

[2La paratuberculose, entérite touchant les ruminants, se caractérise par une diarrhée chronique et profuse, accompagnée d’un amaigrissement intense. Son agent pathogène est une mycobactérie.

[3PLoS ONE est un journal interactif libre d’accès pour la communication de toute la recherche scientifique et médicale dans des journaux à comité de lecture scientifique. http://www.plosone.org/home.action

Mis à jour le 10 février 2012