RAMSES : une mission pour la compréhension des astéroïdes géocroiseurs à des fins de Défense Planétaire
Son objectif : explorer l’astéroïde géocroiseur (99942) Apophis lors de son passage exceptionnel à seulement 31 600 km de la Terre – soit 0,08 fois la distance Terre–Lune – le vendredi 13 avril 2029, un événement spectaculaire, sachant que la lumière de l’astéroïde sera visible à l’œil nu depuis nos régions sous un ciel clair, mais sans danger. Classé parmi les astéroïdes croisant l’orbite terrestre, Apophis offre une opportunité unique de comprendre les propriétés physiques et le comportement de ces corps qui reviennent régulièrement à proximité de notre planète. Une compréhension essentielle pour la Défense Planétaire, même si aucun astéroïde connu ne menace la Terre pour le prochain siècle au moins.
Patrick Michel, directeur de recherche CNRS au laboratoire Lagrange (CNRS/OCA/UniCA) s’est vu confier la responsabilité scientifique de cette nouvelle mission spatiale pour l’ESA, qui embarque plusieurs instruments sous responsabilité française.
L’ambition scientifique est claire : mieux prédire la réponse des astéroïdes à des forces externes, y compris celles qu’un dispositif de déviation pourrait appliquer, offertes ici par les forces de marées de notre planète. Pour cela, RAMSES mesurera précisément la masse, la densité, la porosité, la cohésion interne et la structure géologique d’Apophis avant sa rencontre avec la Terre et comment ces propriétés évoluent pendant celle-ci. Autant de données cruciales pour élaborer des stratégies à long terme protégeant notre planète.
Avec un lancement prévu au printemps 2028, RAMSES rejoindra Apophis en février 2029, deux mois avant son passage record près de la Terre. La mission mesurera les propriétés physiques de l’astéroïde avant, pendant et après sa rencontre avec notre planète, observant les transformations induites par les effets des forces de marée : variations de rotation et de trajectoire, mouvements de surface et réarrangements internes. Un des deux cubesats (petites sondes de la taille d’une grosse boîte à chaussure de 12 kg) qui seront déployés à proximité d’Apophis par la sonde principale déposera pour la première fois un sismomètre sur la surface d’un petit corps céleste, permettant d’étudier ses propriétés mécaniques et internes. L’autre cubesat évoluera à proximité d’Apophis pour sonder son intérieur grâce à un radar. Le sismomètre développé à l’ISAE-Supaéro et le radar de l’IPAG/UGA sont deux contributions françaises, illustrant une expertise reconnue internationalement dans le sondage interne des astéroïdes : après la mission Hera et son radar basse fréquence, RAMSES réalisera le deuxième sondage combinant radar et enregistrements sismiques inédits. La France contribue aussi à l’analyse opérationnelle des cubesats et à la caméra haute résolution CHANCES à bord de la sonde principale, aussi bien au niveau matériel que logiciel ; elle fournira le détecteur ainsi que la chaîne de traitement des données qui est développée au laboratoire d’astrophysique de Marseille.
En parallèle, d’autres missions rejoindront Apophis. La sonde japonaise DESTINY+, lancée avec RAMSES sur le même H3, effectuera un survol de l’astéroïde quelques semaines avant l’arrivée de RAMSES, fournissant un premier aperçu de sa forme et de son environnement avant de poursuivre vers (3200) Phaéton. La mission OSIRIS-REx, désormais OSIRIS-APEX, entamera quant à elle une visite de dix mois après le passage rapproché d’Apophis, séjournant quelques temps en même temps que la mission RAMSES autour de l’astéroïde puis la relayant dans une campagne d’observation continue. Un groupe de coordination international comprenant les agences spatiales et les responsables de ces missions est chargé d’assurer la cohérence scientifique et opérationnelle de ce dispositif inédit.
Clôturant sa phase d’observation en août 2029, RAMSES marquera une étape décisive dans l’étude des astéroïdes géocroiseurs. Succédant à Hera – dont elle reprend l’architecture de la sonde et de ses deux cubesats déployés à proximité d’Apophis – elle place l’ESA en première ligne pour la caractérisation de ces objets, avec deux missions successives offrant notamment les premières études détaillées de leur structure interne, au cœur d’une expertise française reconnue mondialement.
En savoir plus :
Contact scientifique local
- Alain Herique - Professeur associé UGA à l’IPAG
Cette actualité a été initialement publiée par le CNRS INSU.
Mis à jour le 18 décembre 2025
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