Un océan de Magma à l’origine du champ magnétique terrestre ancien ?
Les roches les plus anciennes de la Terre conservent la trace d’un champ magnétique global déjà présent il y a plus de 3 milliards d’années. Pourtant, à cette époque, les profondeurs du manteau terrestre étaient encore liquides, constituant un océan de magma de plusieurs centaines de kilomètres d’épaisseur. Sa solidification progressive (jusqu’à devenir le manteau solide actuel) libérait alors une grande quantité de chaleur, empêchant le noyau métallique de se refroidir par convection, un processus pourtant nécessaire à la génération d’un champ magnétique.
Plongée numérique dans l’océan de magma primitif
Pour tester l’idée que le champ magnétique ait pu se former directement dans cet océan de magma basal, les chercheurs ont mené plusieurs simulations numériques à haute résolution en utilisant les derniers supercalculateurs français à base de GPU. Ces travaux permettent d’estimer la conductivité électrique nécessaire pour qu’un océan de magma engendre un champ dipolaire fort.
Une conductivité trop faible pour engendrer un champ fort
Les résultats révèlent que, dans l’état actuel des connaissances, les vitesses convectives du magma seraient trop faibles. Pour produire un champ magnétique comparable à celui enregistré dans les roches anciennes (4 milliards d’années), il faudrait que les valeurs de la conductivité électrique du magma ou le flux de chaleur soient bien supérieures à celles envisagées pour un magma réaliste.
Un mystère toujours non résolu
Cette étude relance le débat sur l’origine du champ magnétique terrestre primitif. Si l’océan de magma basal ne peut à lui seul expliquer le magnétisme des roches les plus anciennes, d’autres scénarios devront être envisagés. L’énigme du magnétisme primitif de la Terre reste donc entière.
Référence
Energetically expensive dynamo action in Earth’s basal magma ocean. Nathanaël Schaeffer , Stéphane Labrosse, and Jonathan M. Aurnou. PNAS. November 3, 2025, 122 (45) e2507575122
DOI : 10.1073/pnas.2507575122
Contact scientifique local
– Nathanaël Schaeffer, Chercheur CNRS à l’Institut des Sciences de la Terre (ISTerre)
Mis à jour le 25 novembre 2025
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