Une formation inédite en hydrologie pour affronter les défis climatiques à Madagascar

Photo de la promotion lors de la sortie de terrain autour du plan d’eau artificiel de la forêt de Mandraka. © T. Razafimbelo
À Antananarivo, capitale de Madagascar, une trentaine de scientifiques malgaches (doctorants, postdoc, ingénieurs de différents ministères malgaches) et acteurs de l’eau (membres d’ONG et d’associations environnementales) ont pris part à la toute première école thématique consacrée à l’hydrologie et à la Zone Critique. Organisé du 13 au 15 mai 2025 au Laboratoire des RadioIsotopes (LRI) de l’Université d’Antananarivo, en collaboration avec l’Institut des Géosciences de l’Environnement de Grenoble (IGE-OSUG, CNRS/IRD/UGA/INRAE/Grenoble INP-UGA) et financé par le Labex OSUG, cet événement marque une étape clé dans la coopération scientifique franco-malgache autour de la gestion durable de l’eau.
Dans un pays confronté à un déficit chronique de données hydroclimatiques, à l’absence de formation spécialisée en hydrologie et à un besoin croissant d’outils pour évaluer et modéliser les ressources en eau dans un contexte de changement climatique, cette école visait à renforcer les capacités locales. Elle s’adressait prioritairement aux scientifiques en début de carrière et aux partenaires du LRI, avec l’ambition de former des experts locaux en hydroclimatologie capables d’intégrer les enjeux de la Zone Critique dans l’analyse des socio-écosystèmes, qu’il s’agisse d’espaces forestiers, agricoles comme les rizières ou côtiers de type mangroves, et de contribuer activement aux programmes nationaux et internationaux de restauration écologique.

Pendant trois jours, les participants ont bénéficié de cours théoriques, de présentations de projets internationaux et de cas d’étude malgaches. Le troisième jour, une sortie sur le terrain dans la forêt protégée de Mandraka leur a permis d’observer des aménagements hydro-agricoles et hydro-techniques, et d’échanger avec les propriétaires agricoles, les gestionnaires de l’aire protégée ou les usagers. La session de terrain a aussi permis d’expérimenter les techniques de mesure de la vitesse d’écoulement d’un cours d’eau, grâce à un moulinet hydrométrique, afin de pouvoir ensuite calculer un débit, étape fondamentale dans tous les travaux en hydrologie.

Photo de la promotion apprenant à réaliser des mesures hydrométriques par moulinet dans la rivière Mandraka. © S. Bigot
Photo de la promotion apprenant à réaliser des mesures hydrométriques par moulinet dans la rivière Mandraka. © S. Bigot

Cette école s’inscrivait dans les actions du réseau de recherche international IRN CC-MADA (CNRS-INSU), piloté par l’IGE, qui explore les impacts du changement climatique sur les systèmes forestiers, agricoles et hydrologiques à Madagascar. Elle répondait à un besoin urgent exprimé par la communauté scientifique locale :

  • d’acquérir des compétences en sciences hydro-climatiques,
  • d’apprendre à exploiter les bases de données environnementales (mesure in situ et données provenant de la télédétection)
  • et d’intégrer des dimensions hydrologiques dans des études et travaux sur les écosystèmes malgaches.

«  Notre partenariat sur le long terme à Madagascar a permis de structurer cette école thématique pour répondre aux besoins locaux. Il a également renforcé les échanges entre les communautés scientifiques malgaches et internationales, ouvrant la voie à de nombreuses collaborations et travaux futurs. Enfin, il a été déterminant dans la décision du CNRS et de l’IRD de co-labelliser l’IRN CC-MADA à l’horizon 2026.  »,

explique Sylvain Bigot, chercheur à l’IGE, en mission IRD à Madagascar, et responsable de l’IRN CC-MADA.

Fort de ce succès et à la demande académique à Madagascar, une seconde édition est déjà prévue pour mai 2026 au LRI, en vue de renforcer le volume des séances pratiques (apprentissages techniques) et numériques (traitement de données et webcomputing), les expérimentations instrumentales et une volonté d’ouverture plus large aux étudiants malgaches. Des formats hybrides en ligne sont également à l’étude pour répondre à l’engouement suscité par la première édition sur les réseaux sociaux.

Photo de la promotion de l’école thématique « Hydrologie, Zone Critique pour une gestion durable des ressources en eau » 2025. © T. Razafimbelo

Contact scientifique local

 Sylvain Bigot, Professeur à l’Université Grenoble Alpes, géographe-climatologue à l’Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE)

Mis à jour le 23 juin 2025